J’ai récemment publié sur ce blog un article sur l’équation du bonheur « S’accepter + être satisfait de ce que l’on a = la clé du bonheur » et j’aimerais approfondir cette notion d’accueillir ce que la vie nous présente.
Lorsque nous vivons une expérience désagréable, bien souvent notre attention se porte sur le fait de la changer, de la rejeter.
Bien souvent, nous passons d’une expérience à l’autre sans intégrer l’essence de ces expériences.
Nous ne prenons pas le temps de voir le cadeau qui sont au cœur de chacune d’entre elles, a fortiori pour celles que nous libellons comme désagréables, et donc à éviter à tout prix.
Or, lorsque nous nous concentrons sur la modification de notre expérience, notre attention est en fait focalisée sur ce que nous ne voulons pas, ce que nous rejetons. Selon la loi de la vie, tout ce à quoi nous résistons persiste. Ce que nous ne voulons pas vivre, ne pas ressentir prend de plus en plus de place dans notre tête, dans notre cœur et concrètement dans notre vie.
La recherche du plaisir qui s’accompagne du refus de la douleur est un reflex instinctif de la nature humaine. Cette attitude est donc bien compréhensible et passer du réflex à la conscience demande un effort de vigilance et une volonté forte d’évolution.
Lorsqu’il y a ce lien entre plaisir et peur/refus de la douleur (perte, manque, souffrance etc) ce fameux plaisir recherché, qui comme toute chose est éphémère, ne peut plus être pleinement apprécié car en toile de fond il y a cette peur du manque que l’on anticipe.
Pour certaines personnes, notamment dans le cas des addictions, cette recherche incessante de plaisir (pour calmer le stress et l’angoisse de la souffrance réelle ou anticipée) devient un cercle infernal qui finalement renforce un sentiment de manque et d’incomplétude.
Il n'y a aucune satisfaction pleine et durable dans toute expérience externe à soi. Lorsqu’on dépend de facteurs extérieurs pour « se sentir bien » on devient esclave et la vie devient une course sans fin souvent frustrante sans jamais atteindre la paix intérieure et la joie profonde qui sont les bases de l’épanouissement.
Lorsque nous acceptons pleinement l’expérience vécue, quelque chose de magique se passe à l’intérieur de nous. Nous captons alors l’essence de l’expérience dans son expression de la Vie : l'Être, la Conscience et l'Amour.
Plus nous accueillons et posons une attention aimante à toutes nos expériences, plus nous acceptons de lâcher les émotions, croyances qui nous font souffrir en lien avec ces expériences, plus nous nous sentons vivants et connectés à la Vie.
C’est ce que propose la Méthode SEDONA créé par Lester Levenson suite au diagnostic de ses médecins qui le considéraient comme perdu.
Hale Dwoskin qui enseigne cette méthode commence en général ses séminaires par un petit exercice très simple.
Exercice de lâcher prise
Prenez un stylo, un crayon ou un petit objet solide que vous pouvez laisser tomber facilement. Mettez le devant vous et prenez le dans vos mains en le tenant fermement.
Imaginez maintenant que cet objet est une émotion désagréable ou une pensée limitante et que votre main représente votre conscience.
Si vous vous agrippez à l'objet pendant un certain temps, vous commencerez à ressentir des tensions mais également il y aura une sensation de quelque chose bien connu, de familier.
Maintenant, ouvrez votre main et faites rouler l'objet dedans.
Remarquez que vous êtes celui qui s'y attache. Cet objet n'est pas attaché à votre main.
La même chose s’applique également à vos émotions. Lorsqu’on s’agrippe à ses émotions, que ce soit en les combattant ou en y pensant tout le temps nous les emprisonnons en nous et nous ne pouvons pas passer à autre chose car nous nous attachons à elles, nous nous identifions à elles.
Le langage exprime bien cette nuance. Nous disons plus facilement « je suis triste » que « je me sens triste ». Vous sentez la différence ? Dans le premier cas on affirme que cette émotion fait partie intégrante de qui nous sommes et dans l’autre on exprime que c’est un sentiment qui nous traverse et qui passera.
Revenons à l’exercice. Ramenez votre attention sur ce petit objet qui repose au creux de votre main et laissez le tomber sur le sol ou roulez sur la table. Maintenant, laissez l'objet partir. Qu'est-il arrivé? Vous avez lâché l'objet et il a quitté votre main. Était-ce difficile? Bien sûr que non. Et bien c’est ça le lâcher-prise.
Cet exercice peut paraître simpliste mais je trouve qu’il illustre bien le fait que nous avons tous la possibilité de faire le choix de nous agripper à des émotions et croyances pendant des années ou de les laisser partir et ainsi faire de la place pour du nouveau.
Le parallèle avec les émotions
De même que l’objet a quitté votre main lorsque vous l’avez laissé partir, à chaque fois que vous accueillez un sentiment sans jugement, vous ouvrez votre conscience. Cela permet à ce sentiment de partir tout naturellement - comme les nuages qui passent dans le ciel.
Si vous prenez un objet bien dense : votre stylo, une pierre etc… et que vous l’observez sous un microscope extrêmement puissant vous verriez qu’il est composé de molécules et en élargissant encore plus vous ne verriez plus que l’espace dans lequel baignent les molécules et les atomes.
Quand vous plongez au cœur d'un sentiment, vous observez un phénomène comparable: il n’y a plus de substance.
Plus vous utilisez cette technique de la libération (ou d’autres), plus vous découvrirez qu’au fond de vous existe un espace de silence et de paix immense.
Hale Dowskin nous explique même nos sentiments les plus extrêmes ont autant de substance qu'une bulle de savon. Or, lorsque vous enfoncez votre doigt dans une bulle de savon: elle disparaît. C'est ce qui se passe quand vous accueillez ce que vous vivez.
Le processus de lâcher-prise qu’il enseigne permet de vous libérez de vos schémas répétitifs dans vos comportements, pensées et émotions.
Le seul prérequis est d'être aussi ouvert que possible au processus sans essayer de comprendre ou d’analyser (pas facile pour la plupart d’entre nous !)
Plus vous vous permettrez de voir, d'entendre et de ressentir, plutôt que de penser à comment et pourquoi cela fonctionne plus le processus sera profond.
Si c’est difficile pour vous de sortir du mental qui veut comprendre, vous pouvez utiliser le processus ci-dessous pour lâcher prise du «vouloir le comprendre».La compréhension vient après avoir fait l’expérience directe du lâcher prise.
Assez de blabla, passons à la pratique !
Pratique choisir de lâcher prise
Installez vous confortablement et portez votre attention à l’intérieur de vous. Vous pouvez fermer les yeux ou les garder ouverts, comme vous préférez.
Etape 1 : Choisir la problématique et se connecter à l’intérieur de soi
Identifier un problème dont vous aimeriez bien vous libérer et laissez vous ressentir ce que vous ressentez en ce moment.
Ne prenez pas forcément une émotion forte pour commencer. Pour tester le processus vous pourriez par exemple vous connectez à ce que vous ressentez à propos de cet exercice et ce que vous voulez en tirer.
Accueillez votre ressenti, ce qui est présent en vous maintenant, sans jugement. Ne visez pas la perfection, faîtes simplement de votre mieux.
Si vous avez l’impression de ne pas être au clair sur ce que vous ressentez, ce n’est pas grave, accueillez. Plus vous ferez ce processus plus il vous sera facile d’identifier ce que vous ressentez.
Étape 2 : La première question : Puis-je ?
Posez-vous la question suivante: Puis-je accueillir ce sentiment
Cela équivaut à se demander : Suis-je capable de/ai-je la possibilité de permettre à ce sentiment d’être là?
Cette question en implique une autre implicitement : « Puis-je laisser partir cette émotion ? » puisque lorsque le ressenti est accepté il disparaît.
Laissez venir la réponse sans y réfléchir. Ce qui vient spontanément est la réponse juste. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse. Que la réponse spontanée soit "Oui" ou "Non" cela n’a pas d’importance.
Même lorsque la réponse est « Non » très souvent il y a un changement dans l’intensité de l’émotion ressenti. Le fait d’être en contact avec son émotion et authentique dans sa réponse engage déjà le processus de transformation.
Du mieux que vous le pouvez, répondez à la question que vous avez choisie avec un minimum de réflexion, évitez d’essayer de deviner ou de vous lancer dans un débat interne sur les mérites de cette action ou ses conséquences.
Étape 3: Suis-je prêt(e) à le faire ?
C’est l’étape de la 2ème question du processus : « Suis-je prêt(e) à le faire ? »
Cela revient à vous demander : Suis-je prêt(e) à accueillir cette émotion, ce ressenti et donc suis-je prêt(e) à la laisser partir?
Là encore, éloignez vous le plus possible de tout débat dans votre tête.
Souvenez vous que vous faites toujours ce processus uniquement pour vous-même, dans le but de gagner votre propre liberté et plus de clarté.
Peu importe que le sentiment soit justifié, durable ou juste. Si la réponse est «non», ou si vous n'êtes pas sûr, demandez-vous: «Est-ce que je préfère garder ce ressenti, ou préférerais-je en être libéré(e)?
Même si la réponse est toujours «non», passez à l'étape 4.
Étape 4: Quand ?
Cette question très simple : « Quand? » est une invitation à laisser partir ce ressenti désagréable dès maintenant. Cela vous rappelle que le laisser-prise est une décision que vous pouvez prendre à tout moment.
Laissez monter la réponse. Quelque soit la réponse ne jugez pas.
Étape 5: La répétition des 4 premières étapes
Répétez les quatre étapes précédentes aussi souvent que nécessaire jusqu'à ce que vous vous sentiez libéré de ce ressenti qui vous pèse.
Vous allez probablement lâcher un peu plus à chaque étape du processus.
Les résultats peuvent tout d'abord être assez subtils mais très rapidement, si vous êtes persistant, les résultats deviendront de plus en plus visibles.
Vous pouvez constater également qu’il y a des couches de sentiments qui se superposent sur une même problématique.
La bonne nouvelle est que tout ce qui a été accueilli et lâché est parti pour de bon.
Comme toujours vos commentaires sur cet article sont les bienvenus !
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